La culture du carbone

Schéma du cycle naturel du carbone

Cet article approfondit cette notion de recyclage du carbone pour faire suite à mon précédent message.

Un constat tout d’abord, doit être fait sur l’apport d’Azote (N) sous forme d’engrais dans nos parcelles aujourd’hui et leurs conséquences.

Que ce soit par le biais du compost, du fumier, du lisier ou autre fertilisant ce sont les bactéries qui vont être nourries car ce sont elles qui vont le minéraliser pour le rendre assimilable par les plantes.

A force de les nourrir elles seules, elles vont devenir énormes.

Une fois qu’elles auront tout consommé, une fois l’azote absorbé, elles vont aller taper dans le frigo du sol (la Matière Organique) en minéralisant un maximum la MO disponible.

En conséquence, quand il devrait rester aux alentours de 5% de MO pour être stable, ce stock n’est plus alimenté et va donc diminuer et créer ces phénomènes d’érosions et de compactage.

On détruit donc notre sol à le fertiliser sous ces formes, pire on le pollue.

C+N de la Matière organique + O2 + énergie -> CO2 + NO3 On connait la problématique des nitrates dans nos nappes


Pourquoi ne faudrait-il plus laisser nos sols nus ?

1 – Parce que d’après le cycle naturel de l’évolution d’un sol, on va laisser la place aux « adventices » qui ont un rôle de régénération du sol mais qui ne t’intéresse pas ????

2 – Parce que l’on se prive de bactéries que l’on appelle « Fixateurs libres » qui vont être très intéressantes dans la captation du N de l’air (Les UV tuent ces fixateurs libres : Azotobacter, Pseudomonas, bacillus, …).

Par ailleurs la littérature nous dit que plus on nourrit artificiellement ces bactéries plus elles deviennent faignantes.

3 – Parce que nourrir le sol de carbone produit de l’azote.


Concrètement

Pourquoi en mettant de la paille sur un sol, on produit de l’azote ? 

La paille sur sol va minéraliser pour partie dans un premier temps (minéralisation primaire = sucre rapide), va être stockée sous forme d’humus dans un second temps (humification = sucre lent).

Pour être minéralisée dans un second temps (minéralisation secondaire), le C/N de la paille sera élevé et on s’intéresse ici aux C/N des résidus sur le sol.

Le C/N de la paille de blé pourra aller jusqu’à 150.

Le bois aura un C/N supérieur à 150 et < à 400 tout dépendra de la nature du bois. 

On dit qu’avec environ 200 Unités d’azote/Ha, les rendements seront bons => us et coutume agricole, on va dire. 

On sait également qu’1T de paille disposera de 3 Unités d’azote et de 400 Unités de carbone, donc pour disposer de 200 Unités d’N/ha il nous faudrait 70T de paille/ha -> ce qui apparaît très important d’où l’idée de la mise en place de couverts végétaux.

Comment a-t-on calculé cela  ?

1T de paille = environ 1T de matière sèche soit environ 0.4 pour obtenir le taux de carbone soit 400 Unités Si C = 400N = 400/150 un peu moins de 3. 

La paille restée sur le sol permet aux fixateurs libres (cités avant)  de capter une partie du N disponible par la minéralisation de la paille.

Ces mêmes fixateurs libres nous mettent à dispo une bouillie de paille dont le C/N est aux alentours de 24, donc nous restituent 16 Unités d’azote ( produit en croix 400/24)  pour 1T de paille. 

La question légitime sera la suivante : pourquoi ne pas avoir mis cette MO dans le sol plutôt que sur le sol ?

On peut considérer que Mo + O2 = Mo + N2 car l’air est à 80% composé d’N. 

Si maintenant on fait Mo – O2 donc Mo – N2 cela génère une fermentation anaérobie -> CO2 -> Conservation acide -> Favorise la mise en place de pathogène. 

Que nous montrent les expérimentations ?

L’apport de Matière sèche en tant que litière  (Carbone + Azote) permet ainsi d’apporter des unités d’azote supplémentaires grâce aux fixateurs libres.

Cela permet également d’apporter du stock de MO (C et N qu’on évalue autour de 20%) par la décomposition de la paille.

Les 80% restants étant disponibles pour la minéralisation primaire et donc le recyclage sur le long terme.

Dans le cas où le sol continue à être travaillé, la minéralisation de la MO va être accélérée donc va apporter des Unités d’Azote tout en dégradant le stock disponible .==> Équilibre humique, mais le sol se dégrade tout de même.

Dans  un sol non travaillé au contraire on va générer un gain de stock de MO soit une perte d’apport d’azote (puisqu’il va être stocké donc non minéralisable, donc non disponible). ==> Transition créant des faims d’azote importantes. ==>

Mais cette perte va par l’apport d’N exercé par les fixateurs libres. ==> Nécessité d’implanter des végétaux qui apportent de l’azote : Les légumineuses.


Conclusion

Il serait donc pertinent de ramener une inter-culture permettant de ramener un maximum de paille (paille + racines), d’apporter de l’azote de manière naturelle, de capter une partie du CO2 qui s’échappe du sol naturellement et donc capté directement par les stomates des plantes en couverture.

Cela assurerait ainsi un effet booster immédiat. ==> la féverole est considérée comme très intéressante pour plusieurs raisons.

La question suivante porte sur le broyage de ces couverts.

Les essais montrent qu’un broyage génère des libérations d’éléments défavorables (urée) –> Rouler les couverts, mais surtout pas les broyer.

NB: Tout végétal au niveau de ses racines a un pH de l’ordre de 4 à 5.

Le fait de travailler le sol en permanence a tendance à homogénéiser le pH dans les sols alors que nous devrions avoir des gradients à différents endroits de ce sol.

L’avantage d’avoir un pH proche de 4 permet de capter des éléments tels que Ca, P, KUn pH basique, empêche au végétal de récupérer ces éléments.

De la même manière, un fertilisant avec des nitrates ne permet pas de faire baisser le pH, bien au contraire, il va l’augmenter -> Pas de Ca, P, K.


Légende des différents symboles.

HaHectare
CCarbone
NAzote
MOMatière Organique
NO3Nitrate
C/NRapport Carbone/Azote*
CaCalcium
PPhosphore
KPotassium
*: c’est le rapport Carbone/Azote dont on parle souvent dans l’élaboration de compost mais pas que

Et pour terminer, je vous propose cette vidéo de #Carbone #Agriculture #ARTE


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2 réflexions au sujet de “La culture du carbone”

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